Gravity Rush [Vita]
Je me souviens de la première fois où j’ai entendu parler de Gravity Daze (qui deviendra Gravity Rush hors du Japon à sa sortie). Développé par de grands noms du survival horror (Forbidden Siren), ce n’était alors qu’un petit trailer illustrant un jeu original où le joueur déplaçait le personnage en changeant la gravité.
Difficile d’imaginer qu’un jeu aussi étrange et obscur puisse avoir plus qu’un succès relatif et pourtant Gravity Rush deviendra un des jeux les plus vendus de la nouvelle portable de Sony et par là même son jeu emblématique.
Première chose à souligner : Gravity Rush a été traduit en français ! Non, vous ne rêvez pas il existe bien des jeux Vita qui sortent chez nous en bénéficiant d’une traduction française, personnellement, c’est le premier que je vois. Peut-être était-ce parce que c’était un des premiers jeux à sortir sur la console et que la console ne disposait pas encore de cette mauvaise aura chez nous.
Le jeu se déroule dans la ville fictive d’Hekseville, qui flotte dans les airs et est d’allure contemporaine, ainsi que dans ses alentours. Kat se réveille amnésique dans cette ville, elle possède alors des pouvoirs lui permettant de manipuler la gravité et est accompagnée d’un chat mystérieux au pelage étoilé. La jeune fille évoluera dans ce monde en essayant de retrouver ses souvenirs, en tentant de gagner la confiance de ses habitants qui la qualifient avec mépris de “gravitéene” et en combattant les “Névis”, des monstres de l’obscurité apparus depuis peu et qui menacent la population d’Hekseville.
Sans être le principal attrait du jeu, le scénario est bien écrit et se laisse suivre très efficacement.
Il traite différentes thématiques à travers les personnages rencontrés et les mini-histoires. Il se renouvelle et peut surprendre parfois comme avec le passage dans les limbes d’Hekseville qui entraînera une évolution de la ville au retour de Kat. Enfin, le jeu possède quelques passages oniriques à la David Lynch, pas étonnant quand on sait que le scénariste a travaillé sur le premier Silent Hill.
Le problème du scénario est la grande quantité de questions qu’il pose, sans y répondre à une seule au cours du jeu. À la fin, on a l’impression de ne pas en savoir beaucoup plus qu’en début de jeu et le monde de Gravity Rush reste très mystérieux. Ceci étant probablement fait en vue de la suite sortie il y a peu, mais ça reste quand même un peu frustrant.
Parlons un peu des personnages.
Kat cherche à se faire accepter dans un monde étranger et dispose d’un grand cœur, ce qui fait qu’on s’y identifie et s’y attache facilement. Bien qu’elle dispose de certains pouvoirs lui permettant de se battre, au niveau social elle reste une adolescente très ordinaire ce qui lui donne un côté très humain. Mention pour le fait de pouvoir voir les pensées de l’héroïne durant les dialogues ce qui donne au jeu un aspect comique de par les réactions de Kat face à certains personnages se comportant en goujats ou cherchant un peu à l’utiliser.
Le chara-design est réussi. Kat est très mignonne, elle dispose d’une peau mate ce qui est assez rare pour une héroïne de jeu vidéo et elle est habillée avec une tenue ésotérique qui pourrait appartenir à une ancienne civilisation ; sa rivale, Raven, est très sexy, elle a de longs cheveux noirs qui deviennent rouges à partir du cou et une tenue très orientale ; Yunica, qu’on retrouvera plus tard dans le jeu, est un soldat aux allures très steampunk à l’image de l’armée à laquelle elle appartient ; enfin, Alias, l’antagoniste principal du jeu, est un psychopathe portant une tenue de gangster négligée et un masque robotique couvert de bandages, et figurant un œil de cyclope.
Gravity Rush dispose d’une excellente réalisation pour un jeu Vita, si vous voulez un jeu qui exploite les capacités de la console, c’est assurément un bon choix.
Certains niveaux sont vraiment gigantesques et il est possible de les explorer librement (après un certain cap du jeu passé dans certains cas). Même l’immense ville d’Hekseville qui est découpée en quatre parties distinctes, que je croyais physiquement séparées du fait des téléporteurs présents, est traversable d’un bout à l’autre, avec seulement parfois quelques micro-chargements.
Ces niveaux particulièrement grands ont un impact sur la distance d’affichage comme vous pouvez le penser. Pour cacher ça, le cel-shading est bien utilisé puisque les décors se trouvant au loin sont remplis avec des couleurs pleines et des contours aux traits prononcés, cela forme des décors architecturaux de très bon goût. Ou comment contourner une limitation intelligemment.
Les quatre quartiers de la ville possèdent leur propre identité, ils diffèrent au niveau de leur teinte de couleur, de leur contexte (quartier industriel, ancien, festif et commerçant), de leur musique et de l’ambiance qui y règne. Les niveaux ne sont pas en reste non plus.
Les scènes sont présentées sous forme de comics avec des dessins chiadés. Il est possible d’utiliser l’accéléromètre pour bouger autour des images, certains sprites ressortant sur les autres, cela donne un petit effet 3D que ne renierait pas la 3DS.
Le jeu ne comporte que des musiques d’ambiances et instrumentales mais celles-ci sont vraiment de bonne facture, en voici quelques-unes : “Pleasure Quarter”, le thème de la ville de nuit, très jazzy et entraînant, “Resistance and Extermination”, un très bon battle theme si j’ose dire, “Old Town”, l’apaisant thème de la première ville, “Ruined Paths”, un thème de niveau avec une jolie instrumentalisation, “Douse Shinundakara”, la très entraînante chanson des crédits de fin.
Le jeu comporte également quelques doublages intervenant parfois durant les scènes ingame. Ceux-ci sont dans un dialecte inconnu à la limite du yaourt, ce qui a certainement facilité la localisation à l’étranger mais je trouve que ça renforce le sentiment de se trouver dans un monde étranger.
Gravity Rush est jeu d’action/aventure, le jeu est découpé en missions, il se passe parfois dans des niveaux et la plupart du temps dans la ville géante d’Herskeville ce qui pourrait presque catégoriser le titre de GTA like si les interactions avec la ville n’étaient pas aussi restreintes.
De base, Kat ne peut pas faire grand-chose, comme tout le monde, elle peut se déplacer et sauter. Cependant, elle sait aussi se battre, ce qui va être très utile puisque des monstres se mettront souvent en travers de sa route. Avec le bouton de frappe, elle peut enchaîner une série de coups sur son adversaire, en le combinant avec le bouton de saut elle peut donner un coup de pied sauté et même faire un coup de pied retourné bien utile si on a le bon timing.
Se rajoute à ça l’esquive, celle-ci se fait en glissant le pouce droit sur l’écran tactile frontal. Et là vous allez me dire : “berk l’écran tactile c’est gadget, ça sert à rien”, que nenni, la direction dans laquelle le joueur glisse son pouce sur l’écran tactile va influer sur la direction dans laquelle Kat va faire une roulade pour esquiver. Le deuxième stick servant à tourner la caméra, l’écran tactile fait office de véritable troisième stick et le pire c’est que c’est intuitif et que ça fonctionne vraiment bien !
L’esquive peut aussi servir à faire un coup de pied roulé si elle suivie d’une attaque.
Mais Kat dispose aussi de pouvoirs gravitationnels.
Le premier et le plus intéressant lui permet de changer la gravité et de voler, ou plutôt de tomber, dans la direction qu’elle désire. Le système est particulier mais très simple à utiliser, en appuyant sur une gâchette, Kat va se retrouver en état d’apesanteur et il sera possible de faire tourner la caméra tout autour d’elle, en réappuyant sur la gâchette, Kat va tomber dans la direction pointée par la caméra. Il est toujours possible d’esquiver en l’air et en appuyant sur le bouton de frappe lors de l’état d’apesanteur, Kat sera projetée comme une torpille dans la direction indiquée puis effectuera un puissant coup de pied gravitationnel à l’impact.
Lorsque la gravité est changée pour Kat, elle continue à l’être lorsque l’héroïne atterrit sur une paroi, ce qui fait qu’elle peut marcher sur les murs ou sur des plates-formes semblant impraticables.
Lorsque Kat est en état d’apesanteur, il est possible de bouger la caméra et donc la direction de destination soit avec le stick soit avec l’accéléromètre de la console. Et là vous allez me dire : “berk l’accéléromètre c’est gadget, ça sert à rien” (en encore plus grand nombre que pour l’écran tactile) et là je vais prendre une pause pour vous laisser le temps de digérer l’info et vous redire que nenni mes amis ! Oui, aussi incroyable que ça puisse paraître, une fois que la sensibilité de l’accéléromètre est réglée au maximum, on gagne incroyablement en précision et en rapidité en utilisant le combo stick + accéléromètre, le stick servant à parcourir de grandes distances du genre tourner à 180 ou 90 degrés et l’accéléromètre à ajuster précisément la caméra.
Apparemment, ce genre de chose est aussi très utile dans les FPS mobile, personnellement c’est le premier jeu que je vois où l’accéléromètre est vraiment utile et dépasse le simple stade de gadget, je crois que rien que pour ça, il méritait son petit paragraphe.
Les pouvoirs de Kat ne s’arrêtent pas là.
Il lui est également possible de maintenir plusieurs objets (tout ce qui peut se trouver dans le niveau : bancs, pierres, poubelles, etc.) autour d’elle pour les déplacer ou les lancer avec violence sur les ennemis.
Elle peut aussi utiliser la glissade gravitationnelle, qui va lui permettre de se déplacer plus rapidement et de glisser sur le sol en étant exemptée des lois de la gravité (ce qui peut servir à avancer le long d’un tube tout en tournant autour par exemple). Pour passer en mode glissade, c’est assez original. Le joueur doit lâcher les commandes et poser ses deux pouces sur l’écran tactile, il peut ensuite incliner la console à gauche ou à droite pour tourner et donner une petite secousse pour sauter. Le petit reproche que j’aurais à faire c’est que l’on va souvent trop vite pour pouvoir contrôler parfaitement sa direction et que les glissades ne servent pas beaucoup durant l’histoire principale.
Enfin, Kat dispose de trois impressionnantes attaques spéciales qui peuvent s’utiliser autant de fois que voulu mais ayant besoin de temps pour se recharger après avoir été utilisées. Elle est invincible lorsqu’elle les utilise donc il ne faut pas s’en priver.
La première est le tourbillon gravitationnel, une attaque qui fait tournoyer Kat sur elle-même en la projetant sur le point faible des ennemis. Lorsqu’un ennemi est mort, elle lock le suivant.
La seconde la voit lancer une pluie continuelle de pierres sur les ennemis, dans cet état Kat est en apesanteur et il est possible de déterminer l’endroit que l’on veut bombarder.
La dernière attaque voit Kat se transformer en trou noir, elle absorbe tous les ennemis se trouvant près d’elle et leur fait subir des attaques en continu, il est possible de la déplacer pour aller chercher le plus d’ennemis possibles durant l’attaque.
Les ennemis auxquels Kat va devoir faire face durant son aventure sont les Névis, ce sont des monstres de l’obscurité qui peuvent varier grandement de taille et de forme. La majeure partie de leur corps est insensible aux coups mais ils disposent tous d’un ou plusieurs points faibles symbolisés par des points rouges qu’il faut détruire, cela permet de mettre en avant certains éléments de gameplay privilégiant la visée comme le coup de pied gravitationnel.
À l’aide de gemmes trouvables durant le jeu, il sera possible d'**améliorer les capacités **de Kat, comme les dégâts de ses attaques, le nombre d’objets qu’elle peut maintenir dans son champ gravitationnel en même temps ou, de façon plus intéressante, la limite de temps d’utilisation de la gravité.
Le jeu possède vraiment une bonne progression. Les missions sont très variées pouvant vous demander de suivre une piste à travers la ville en suivant des indices, de mener une mission d’infiltration ou juste d’explorer un des niveaux gigantesques que vous aurez débloqués. Elles sont aussi toutes très connectées à l’histoire et narrées, ce qui fait qu’on a tout le temps l’impression d’avancer dans l’intrigue.
En plus de ça, le jeu comporte beaucoup de défis optionnels à réaliser entre les missions. Ils consistent le plus souvent à battre des monstres (parfois de façon précise) ou à effectuer des parcours d’obstacles en contre-la-montre. En fonction des points que vous collecterez ou des temps que vous ferez vous serez récompensés avec une médaille de bronze à or. Ces défis comportent pas mal de challenge et je ne sais pas si c’est parce que le jeu en ligne droite est trop court ou si c’est parce qu’ils tirent vraiment bien parti du gameplay très original du jeu mais toutes les personnes que je connais qui se sont fait le jeu ont également fait tous les défis. En ce qui me concerne, j’ai même pris les DLC parce que je voulais en avoir plus.
Gravity Rush est un excellent jeu. Son gameplay est extrêmement original et offre une grande liberté de mouvement, de la même manière que le jeu Spider-Man 2 (PS2), le simple fait d’évoluer dans le jeu, à travers la ville ou les niveaux, est jouissif. En plus de ça, l’histoire ainsi que le monde dans lequel on évolue et l’ambiance qui y règne sont géniaux. Les missions sont très variées et les défis offrent pas mal de challenge, tirant vraiment bien parti du gameplay du jeu. C’est vraiment un jeu qui offre un plaisir constant et dont il est difficile de décrocher.
À noter qu’un remaster est sorti sur PS4. La critique que je ferais à ce remaster c’est d’avoir une moins bonne ergonomie que sur Vita pour tout ce qui touchait à l’écran tactile et l’accéléromètre (en particulier pour les esquives). Mais en dehors de ça, ce remaster est vraiment bon et je le recommande si vous avez une PS4, d’autant qu’il inclut d’office les DLC Vita directement sur la galette.
Date de sortie : 2012