Tower of Heaven [Flash]
Vous avez trente minutes à tuer ? Que diriez-vous de vous faire un platformer rétro de type die and retry où l’avancée des niveaux serait rendue plus pénible par une divinité changeant les règles de jeu ? Bien, c’est par ici que ça se passe.
Conçu à l’origine sur Gamemaker, Tower of Heaven devient rapidement un jeu flash. Devant la qualité plus que discutable de la plupart de ces jeux, il est légitime de se demander ce qu’il en est de celui-ci. Et bien je le dis tout de suite, Tower of Heaven est un des meilleurs titres du support (si je puis dire) et mérite vraiment qu’on s’y attarde.
Vous incarnez un petit bonhomme, que ne renierait pas Hayao Miyazaki, dont l’objectif est d’atteindre le sommet d’une gigantesque tour. Dès l’entrée de celle-ci vous êtes abordé par le gardien de la tour, celui-ci vous indique que si vous voulez le trésor de celle-ci il vous faudra triompher de toutes les épreuves de la tour et respecter les règles qu’il aura dictées, sinon il se donnera le droit de vous foudroyer sur place.
Le scénario a une place non négligeable dans le jeu, celui-ci est plus symbolique qu’autre chose, même si la quantité de texte est assez importante à cause du dialogue unilatéral constant entre le gardien et le joueur.
Approche analytique : Difficile de ne pas voir d’analogie avec la tour de Babel, tour construite par les hommes, dans la mythologie, pour défier Dieu. Le gardien de la tour, parlant un anglais relativement soutenu, serait une divinité et les règles, des commandements à respecter “Thou shalt not…”.
Le joueur ne s’y trompe pas et devant l’impatience du gardien l’handicapant de plus en plus et la musique très rythmée accompagnant son imperturbable progression vers le sommet, il a l’impression de devenir une force inarrêtable, même par des obstacles d’ordre divin, étant poussé par le désir de se trouver en haut du monde et de la création.
Le jeu s’achève enfin par une note de poésie, on aurait presque envie de classer ce jeu parmi les œuvres vidéoludiques résolument artistiques.
Le gameplay est relativement efficace, si vous êtes familier avec les classiques de la plate-forme vous ne devriez pas être perdu ici. Le joueur peut seulement se déplacer, sauter et consulter les règles en vigueur. Ces dernières, représentant le cœur du jeu, sont de plus en plus vicieuses : vous n’aurez bientôt plus le droit de toucher un bloc de couleur jaune ou un être vivant (ce qui foisonne dans la tour) ou même de… Je vous laisse la surprise. Bien entendu si le joueur se fait toucher une fois il meurt, pas de place pour les mauviettes.
Le jeu a un aspect rétro très prononcé forcément par sa difficulté et son gameplay limité, mais aussi par son aspect.
Ses teintes monochromes sont semblables à celles de la Gameboy, le blanc y étant remplacé par du jaune vif rendant le tout moins austère. Le travail artistique n’étant pas en reste, des fioritures sont présentes dans les niveaux : fenêtres avec ciel se mouvant en arrière plan, végétation bougeant lorsqu’elle frôle le joueur… Et rendent le décor plus vivant. Certains endroits du jeu ont aussi un design soigné, comme les corridors (représentant un endroit de repos pour le joueur) ou bien la dernière partie du jeu (je vous laisse la surprise).
Les musiques, résolument rétros, sont de très bonne facture et constituent un autre point positif majeur du jeu. Je ne pourrais que trop vous conseillez l’écoute de “Indignant Divinity” pour vous en faire une idée, une musique très entraînante et représentant bien l’esprit rétro du jeu. L’OST du jeu est, à ce titre, disponible pour 1$ (soit moins de 1 EUR) sur le site de l’artiste flashygoodness.
Alors pourquoi Tower of Heaven demeure aussi inconnu ? Et bien c’est qu’il est extrêmement court, moins de 30 minutes suffisent à finir le jeu.
Le soft essaye tout de même d’offrir de la rejouabilité. Vous pourrez d’abord finir une seconde fois le jeu en cherchant les trois secrets cachés dans la tour, ce qui vous donne droit à une fin un peu plus longue. Vous pourrez ensuite vous essayer au mode speedrun, de quoi vous rendre compte que lors d’un second essai et sans les textes, il est largement possible de finir en moins de 5 minutes. Enfin, dernier moyen de prolonger le mode solo : les succès présent sur le site newsground vous permettent de rallonger le jeu encore une petite heure.
Les créations de fans donne parfois lieu à des niveaux très inventifs
Vous avez droit également à un mode assez complet permettant de créer et de partager vos propres niveaux. Un bon site pour en trouver : http://tohl.rosell.dk/ (lien aujourd’hui mort, archive.org) sinon cherchez “Tower of Heaven custom levels” en ligne. Certaines créations de fans sont vraiment inventives et bien réalisées, cela constitue un bon prolongement du jeu et répondra à vos attentes de challenges.
Tower of Heaven est un jeu doté d’une réalisation impeccable et son système de jeu novateur, basé sur les changements de règles, rend le jeu très addictif. Malheureusement le titre n’a pas le temps d’étancher la soif du joueur qu’il se finit déjà, une expérience intense, tristement éphémère.
May heaven grant you fortune.
Année de sortie : 2009
Article publié originellement sur Gamekult le 24/07/2013