Jetpack Joyride [Android]
Après le succès de son Fruit Ninja, Halfbrick Studios (qui ne s’était jamais vraiment illustré avant ce dernier) lance Jetpack Joyride. Autre jeu entièrement gratuit, va-t-il une nouvelle fois marquer le marché des jeux Android ?
Pas besoin d’une scène d’intro pour comprendre la maigre intrigue de ce Jetpack Joyride : un labo, des scientifiques en tenue de radiation, un drôle de jetpack, un panneau “ne pas voler” et un gramophone diffusant de la musique classique. Le joueur passe alors l’écran d’introduction en appuyant sur l’écran, en quelques secondes le mur vole en éclat, balayant tout sur son passage. Barry Steakfries (c’est son vrai nom) sort du trou et prend le jetpack, on suit alors sa fuite intemporelle du labo à travers toutes sortes de pièges étriqués (lasers, missiles, phasers…) avec le main theme jouant en fond.
Cette intro qui s’expose d’une manière brève et dynamique à chaque début de jeu a le mérite de plonger à chaque fois le joueur au cœur de l’action.
Image gauche : Le machine gun jetpack est-il un clin d’œil à Metal Slug ?
Le gameplay est vraiment instinctif et simpliste : la pression du doigt sur l’écran fait monter le personnage et son relâchement le fait redescendre.
Il y a tout de même des variations au sein de ce gameplay binaire avec les différents véhicules bonus : un téléporteur, une sorte de mécha pourvu de propulseurs, une moto fournie avec fusil à pompe et blouson en cuir, un costume inversant la gravité à chaque appui ou encore même un dragon mécanique cracheur de feu surnommé M. Calin…
Le jeu n’oublie pas ses collectables : les habituelles pièces à dépenser dans la boutique (sur lesquelles je reviendrai) ou ses jetons volants à attraper, qui se dépensent dans la “roulette de tirage final”. Cette dernière se déclenche à chaque mort du personnage et permet d’obtenir des bonus pour votre future partie (vous faire commencer en doublant la valeur des pièces ou avec plusieurs centaines de mètres d’avance), d’augmenter votre capital ou encore de bonifier votre partie en jetant une bombe qui vous fera avancer d’un certain nombre de mètres, voir même carrément de vous donner une seconde chance en vous faisant revenir à la vie.
Image gauche : Le bonus “750m d’avance” est un clin d’œil avoué à Dragon Ball
Si vous n’avez toujours pas deviné pourquoi j’aborde autant le thème de la distance parcourue c’est parce que c’est la base du jeu. La sortie du labo étant inatteignable, jusqu’à preuve du contraire.
Au-delà de l’aspect fondamental du scoring, les développeurs ont eu la bonne idée d’inclure une progression linéaire par le biais de missions et de niveaux. Complétez une des trois missions données aléatoirement et vous remporterez, selon leurs degrés de difficulté, un certain nombre d’étoiles qui vous permettront de passer les niveaux. À chaque passage de niveau, vous gagnerez un bonus de pièces qui sera, chaque fois, de plus en plus grand.
On ne joue donc plus forcément pour parcourir la plus grande distance ou pour collecter le plus grand nombre de pièces mais parfois, au contraire, pour atteindre une certaine distance sans collecter une seule pièce ou mourir dans un intervalle de mètres très précis, écraser ou taper dans la main d’un certain nombre de scientifiques, raser un certain nombre de lasers/missiles, garder la tête collée au plafond un certain temps, etc.
Tout cela étant des missions à remplir donnant des objectifs annexes au joueur parfois en totale contradiction avec les objectifs primaires du jeu.
Venons-en maintenant à la boutique qui n’est pas un des points les moins intéressants du jeu.
Si le fait de changer l’aspect de votre tête, votre corps, votre jetpack (parmi l’énorme choix qui vous est proposé) ou de rendre tous vos véhicules d’une jolie couleur dorée est assez anecdotique du point de vue du gameplay, il en existe d’autres qui altéreront votre façon de jouer et vous faciliteront la vie :
- Il y a bien sûr les traditionnels bonus obtenables durant le jeu (double de pièces, longueur d’avance, seconde chance, etc.)
- Des aimants à pièces pour tous les véhicules
- Et les gadgets, éléments les plus intéressants. Seulement deux d’entre eux peuvent être équipés en même temps. Il y a, par exemple, des baskets permettant d’effectuer un saut lorsque vous appuyez sur l’écran et que le personnage est au sol, une ceinture de gravité vous faisant retomber plus vite au sol, un brouilleur de missiles, une “insta-balle” plaçant Barry dans une balle à la Monkey Ball au moment de mourir qui parcourra ainsi quelques mètres de plus avant de s’arrêter ou même un chien mécanique vous rendant pas mal de services et ayant beaucoup d’animations différentes (interaction avec tous les véhicules)…
À noter que changer de jetpack modifiera l’effet de sa propulsion : par des bulles, billets de banque, lasers, arcs-en-ciel, pluie de fruits…
Au niveau réalisation on frôle la perfection. Le jeu arbore un style 2D avec des personnages SD qui permettent de ne pas se prendre au sérieux. Les scientifiques, omniprésents, avec leurs diverses animations, rendent le jeu vivant : ils évoluent sur plusieurs plans, trottinent gaiement jusqu’à ce qu’ils voient Barry sauter ou avancer à toute blinde dans un véhicule de la mort, ils périssent par le feu de votre machine gun jetpack ou stupidement dans un piège du labo qu’il n’avaient pas eu le temps de voir.
Les environnements sont assez variés. Même si on évolue toujours dans un complexe scientifique borné par des secteurs identiques il arrivera parfois qu’on progresse dans un laboratoire, une forêt luxuriante, sous l’eau ou dans un entrepôt assez bien fait dans lequel on verra d’autres scientifiques évoluer dans de nombreux arrière-plans…
Côté réalisation sonore, c’est sûrement là que se trouve le point noir du jeu. Pas grand mal à dire sur la qualité des bruitages ou des musiques de très bonne facture, par contre Jetpack Joyride souffre d’un syndrome bien trop présent sur les jeux de téléphones portables : il n’y a qu’un seul thème principal.
Les développeurs s’occupent bien de meubler chaque menu avec une musique mais ils devraient mettre des musiques différentes dans les parties du jeu où on passe 80% du temps.
Certes, les parties de jeu sont jouées la plupart du temps coupées de tout son, mais je ne pense pas qu’ajouter une ou deux musiques aurait été une chose trop grave, voir de les proposer à l’achat au joueur, plus tard, dans le jeu, pour justifier le fait qu’elles puissent être de qualité moindre.
Bref, en dehors de ça sans prendre l’aspect répétitif, la musique principale est de qualité (c’est bien la moindre des choses pour le nombre de fois qu’elle se fait entendre), le violon donne un côté spectaculaire et se marie bien avec la batterie entraînante et l’électro technologique.
EDIT: Il existe en fait un remix dubstep du thème principal écoutable durant le jeu, pour l’écouter il suffit d’acheter le vêtement “DJ Barry”. C’est juste un peu dommage qu’il coûte 25 000 pièces et que l’on ne l’ait qu’en toute fin de jeu.
Une durée de vie que l’on nommera de théoriquement infinie, enfin jusqu’à ce que la lassitude s’installe. Il vous faudra à peu près cinq heures pour faire le tour du compteur de niveaux, un peu plus pour que vous puissiez exploiter correctement les possibilités de la boutique. Le jeu s’adapte parfaitement à une utilisation nomade, chaque partie étant assez courte.
Jetpack Joyride est donc un petit bijou, avec son gameplay simple et efficace, sa réalisation irréprochable, son système de missions donnant au joueur la possibilité de choisir ses propres objectifs de jeu et, qui plus est, sa gratuité. Il a tout pour figurer parmi les indispensables sur Android.
Date de sortie : 2012
Article publié originellement sur Gamekult le 17/07/2013