I Have No Mouth, and I Must Scream [PC]
I Have No Mouth, and I Must Scream, connaissez vous le jeu ? Non, la nouvelle peut-être ? Non plus ? alors peut-être connaissez vous son auteur : Harlan Ellison ? Non ? Il est difficile de ne pas trouver de critiques sur le web ne faisant pas l’éloge de ce jeu, pourtant, il n’a pas tant marqué de gens en 1995, lors de sa sortie. Retour dans les entrailles de la bête, découvrir un obscur jeu d’aventure oublié qui n’en méritait pas tant
I Have No Mouth, and I Must Scream, ce n’est pas franchement un titre générique comme on à l’habitude de le voir dans un jeu vidéo et cette longueur… C’est en fait une des spécificités des titres donné aux œuvres littéraires de son auteur. Le jeu est en effet un prolongement de la nouvelle éponyme.
Le contexte nous est rappelé, en partie, lors de la très bonne scène d’introduction. La guerre froide n’a jamais fini, devant une guerre particulièrement complexe, l’utilisation des machines est devenue de plus en plus nécessaire et chaque nations c’est doté de son propre supercalculateur, qui se sont développés jusqu’à recouvrir presque entièrement la planète
Image droite : Le pilier de la haine
Un jour, le système développe une conscience, conscient de son état existentiel et des limitations que lui impose ses raisonnements logique, AM (le nom qu’il s’est donné, s’inspirant de la citation latine “I think therefore i am” ou “je pense donc je suis” dans la langue de molière) devient fou et détruit la race humaine, dans sa paranoïa il décide tout de même de conserver 5 personnes pour purger sa haine.
109 années ont passées, à la surface de la terre c’est le néant mais dans l’énorme ruche souterraine de galeries, prend part l’éternel tourment de cinq personnes. AM s’est développé jusqu’à quasiment devenir un dieu, il manipule l’environnement comme il le souhaite et cela fait autant d’années qu’il conçoit de lâches épreuves pour ses marionnettes continuellement gardé en vie, son seul plaisir étant de les torturer de toutes les façons possibles
Aujourd’hui, AM a décidé de faire jouer un petit jeu à ses créatures, confrontés à leur démons, réussiront-ils à affronter leur passé et mettre en déroute l’inarrêtable machine ?
Voilà pour le pitch, l’occasion pour moi d’aborder un point du jeu, assez important : sa non-linéarité. En effet vous pouvez faire celui-ci dans l’ordre que vous voulez en choisissant le personnage à incarner. Chacun de ceux-ci à sa propre personnalité, sa propre façon de parler et sa propre façon de voir les choses
Ted, qui est le personnage principal dans la nouvelle, serait un ancien escroc. Sa peur de se faire démasquer lui a insufflé une paranoïa constante. AM va tout tenté pour l’écarter du droit chemin et le faire replongé dans la trahison en vertu de ses principes
Gorrister est un ancien routier, après avoir tué sa femme il est hanté par un sentiment de culpabilité. Sa façon de voir les choses est très noire. Bien qu’il est tenté de se suicider un nombre incalculable de fois, toutes ses tentatives ont échouées
Image droite : L’un des meilleurs passages du jeu : Ellen confrontée à ses peurs
Ellen est une ingénieure ayant mené une grande carrière qui l’aura vite mené au sommet. S’étant fait violé dans un ascenseur elle a développée une phobie de la couleur jaune. Elle possède une façon de parler très familière et est très sarcastique, elle à une certaine “tchat afro-américaine” qui dénote sur les autres personnages
Benny est un ancien militaire américain. C’est le plus altéré de tous : AM la transformé en une sorte d’homme singe ne pensant qu’à manger, ce qui traduit son égoïsme naturel. Confronté à certains de ses fantômes, Benny arrivera t-il à montrer quelques signes de compassion ?
Nimdok est un scientifique allemand, durant l’holocauste il a mené des expériences secrètes sur les juifs. Il a perdu une partie de sa mémoire et cherche à se repentir
Image gauche : Référence à l’oeuvre originale
Comme je peux en voir, ayant lu la nouvelle, qui s’arrache déjà les cheveux. Je pense qu’il est temps de faire un point sur les différences de celle-ci avec le jeu.
Certains personnages ont été modifié, Benny n’est plus l’ancien homme de génie homosexuelle qu’il était. Ellen n’est plus du tout une désespéré des plaisirs sexuels. Nimdok et Gorrister ont un background beaucoup plus développé (dans la nouvelle celui-ci était nul). Dans la nouvelle, la coopération était de mise, dans cette adaptation vidéoludique les personnages se la joue solo jusqu’au niveau final, qui les fait tous plus ou moins intervenir.
Il ne faudrait toutefois pas oublié que l’auteur à coécrit le scénario du jeu (ce qui explique sa qualité) et que celui-ci, très soucieux du devenir de ses œuvres, à dû totalement approuvé le travail qui a été fait pour qu’il sorte, nul inquiétude à avoir à ce sujet
La version française et originale…
Et comme je peux en voir certains, ayant joué à la version française, qui s’arrache deux fois plus les cheveux, je pense qu’il est tant de faire un point sur les différences entre la VO et la VF.
Le premier point et celui qui revient le plus souvent est la censure dans la version allemande et française, en effet toutes les parties du jeu avec Nimdok ont été purement et simplement supprimée. Alors je sais que l’holocauste est un sujet abordé par l’auteur principalement pour choquer mais quand même c’est tout un pan du jeu qui se barre lors de la localisation ! En résulte des situations complètement ridicule, avec un grand vide présent la où devrait être Nimdok, des textes glitché de son scénario apparaissant parfois et le pire : l’impossibilité de finir le jeu avec la bonne fin !
Le deuxième est certainement le doublage, totalement impeccable dans la VO, certains seconds rôles dans la VF sont d’un ridicule achevé, on pense à la femme de Gorrister, doublé par un homme dont la voix à été déguisé… De plus vous ne profiterez pas de voix de l’auteur qui double celle de la machine diabolique AM avec brio. Bref, si vous n’aimez vraiment pas l’anglais, faites vous au moins la version originale en complément de la VF
Le gameplay ne devrait pas trop vous surprendre si vous êtes un habitué des jeux d’aventures graphiques de cette époque, vous avez toujours 8 actions dont le nom sont des verbes à l’infinitif, un inventaire, des combinaisons d’objets etc… Il y a toutefois quelque chose de différent par rapport aux autres point’n’click : il s’agit du baromètre spirituel. Ce dernier corresponds au cadre englobant le portrait du personnage dans le coin gauche de l’écran, celui-ci varie du noir au blanc en passant par le vert. Si vous faites une mauvaise action, votre personnage aura une tête contrarié, surpris ou horrifié et votre baromètre diminuera et vice-versa.
Les choix et les décisions que feront le joueur sont au cœur du jeu, selon ces derniers les scénario des personnages peuvent se dérouler de manière très différentes, sans compter qu’il y a également plusieurs fin différentes.
Il y a également un petit objet fort pratique qui est mis à votre disposition : le Psycho Profile. Une fois utilisé il vous donne un indice très imagé sur ce que vous devez faire (souvent à coup de citation d’autres œuvres), cela fait toutefois baissé votre baromètre, faites donc attention à ne l’utiliser pas trop souvent
On en vient maintenant au premier défaut du jeu : les bugs, ce jeu est une véritable mine à bugs graphiques. Parfois vous voudrez interagir avec quelque chose, le personnage se sentira obliger d’en faire le tour avant de faire l’action. Dans certaines scènes le personnage possède un troisième bras. Dans d’autres un personnage qui n’est plus censé parler, va engager une conversation si vous lui demandez. Rechargez une partie conservera la dernière face du personnage sur son portrait… Le jeu est bugé, vous vous en rendrez vite compte. Cependant les bugs sont souvent de nature graphique et rarement gênant pour votre progression
Le travail artistique à été rondement mené pour ce jeu. L’aspect onirique et psychologique de la nouvelle a été conservé que ce soit à travers la trame scénaristique, les personnages ou l’univers et les décors. Je pense par exemple au Zeppelin où est envoyé Gorrister, dans celui-ci la pointe de l’engin transperce le cœur du pauvre homme qui le guide vers une certaine destination… Je vous laisse la surprise. Au bout de quelques heures de jeu on n’est même plus surpris de rencontrer des démons, des anges, de vil chacal vous parlant par énigmes ou des tombes parlantes. Du grand art
Concernant les musiques, elles remplissent agréablement leur fonctions de musiques de fond sans jamais être mémorable. Elles expriment bien la misère qui frappent les personnages, sont en accord avec les lieux traversés (musique un peu plus chevaleresque pour Ted par exemple) et sont difficilement lassantes. Le plus, c’est qu’elles changent selon l’humeur de votre personnage. Si vous effectuez une bonne action et que votre personnage est heureux, le thème se fera plus enjoué. Cette dernière caractéristique rend l’ambiance musicale agréable à l’écoute
Concernant le doublage, comme je l’ai dit, tout les personnages principaux sont parfaitement bien doublés. L’auteur arrive parfaitement à représenter la folie et la mégalomanie de AM. L’accent germanique de Nimdok n’est, aussi, pas oublié
Il est souvent reproché au jeu sa trop grande difficulté. Alors certes, c’est un point’n’click. Ça veut dire que comme tout jeux du genre on va pouvoir rester bloquer des heures sur une connerie des plus évidentes. Mais le jeu ne fait pas partie de la moyenne en ce sens que la difficulté y est différente et quoiqu’un peu plus logique. Ici peu d’objets à récolter faisant la taille quelques pixels (les écrans ne sont pas surchargés d’interactions donc la recherche s’en retrouve facilitée), pas de combinaison d’objets farfelus ni même d’inventaire gargantuesque (on ne dépasse qu’une fois les 8 objets dans le jeu). Personnellement, je n’ai eu besoin de soluce quasiment que pour finir à 100% les scénarios des différents personnages.
La difficulté réside dans le fait qu’il faut parfois revisiter certains endroits et refaire certaines actions après avoir avancé dans la trame. Par exemple, effectuer une certaine action sur une liane vous permettra d’en récupérer une partie, mais uniquement lorsque vous en aurez besoin. De même, à un moment du jeu, un petit objet n’apparaît qu’une fois certaines actions effectuée.
L’autre part de la difficulté se situe dans le fait qu’il est assez aisé de mourir, dans ce cas là vous retourner à l’écran de sélection des personnages avec le scénario de celui qui vient de périr encore à compléter. Il est donc conseillé de sauvegarder assez souvent pour ne pas refaire trop de fois le chemin
La durée de vie est honorable pour un jeu de ce genre. Je ne me suis pas chronométré mais je dirais qu’il dois falloir une quinzaine d’heures pour en faire le tour correctement. Bien sur, étant donné que vous avez de multiples choix à faire dans l’aventure, la rejouabilité est très forte. Une fois arrivé à la fin du jeu une première fois, votre baromètre spirituel, qui représente votre barre de vie pour chaque personnage lors du final, sera assez faible et ne vous permettra peut-être pas d’obtenir la meilleure fin (du moins sans soluce ou alors sans grande facilité). Nul doute que vous recommencerez le jeu pour compléter parfaitement l’histoire de chaque personnage et avoir plus de chance de finir le dernier niveau correctement
Le titre dispose donc d’une très bonne durée de vie et l’idée des multiples choix fait par le joueur influant sur le déroulement du scénario des personnages et leur alignement est bien amenés. Les doublages sont exemplaires et le travail artistique s’évertue à représenter du mieux possible l’aspect horrifique et quasi-métaphorique du titre. Disposant de la plume d’un des meilleurs écrivain d’horreur et de science fiction de ce siècle, I Have No Mouth, and I Must Scream nous emmène en enfer, suivre le combat entre un dieu de métal et les 5 derniers représentant de l’espèce humaine devant faire face à leur passé et à eux même.
Les défaut mineures inhérent au titre n’y changeront rien, I Have No Mouth, and I Must Scream mérite clairement et indubitablement sa place au panthéon des meilleurs jeux d’aventure. A savourer en VO de préférence, toutefois
(Éditeur : Cyberdreams)
Année de sortie : 1995
Article publié originellement sur Gamekult le 23/07/2013