Tintin au Tibet [GB]
Un an après la version Super Nintendo, Tintin au Tibet est décliné sur tous les supports de l’époque, la Game Boy n’échappe donc pas à cette règle.
Pour adapter les aventures de Tintin, Infogrames a donc décidé de faire un jeu de plates-formes pur et dur, comprenez qu’il n’y a pas d’ennemis à battre, normal quand on sait que Tintin est non violent. Dans les phases de plates-formes qui composent 70% du jeu Tintin pourra se baisser, marcher, courir, sauter bref un Mario-like (enfin presque tant c’est rigide, normal pour un jeu réaliste). Tintin ne se contente pas de faire ça, il peut aussi porter des objets (paquets, rochers, sacs à dos…), ces objets l’aideront principalement à grimper sur des plates-formes plus hautes. On peut aussi bouger l’écran vers le haut ou vers le bas quand c’est possible en maintenant B et en appuyant sur les touches de direction ce qui permet d’appréhender le parcours. On peut également effectuer des actions contextuelles comme utiliser un ascenseur, enlever un rocher qui servait de cale à un rocher plus gros qui va nous servir de plate-forme ou encore glisser sur des pentes puis en sauter, le jeu se renouvelant pour qu’on ne tombe pas dans la routine d’un niveau à un autre, mais j’y reviendrais.
Côté ennemis, on se retrouve ici face à un jeu qui n’est pas censé en comporter, ils sont donc pour la plupart naturels : rocher qui dévale une pente, chutes de neige, câbles suspendus… ou des animaux anodins : caniches, bisons, chauves-souris… ou encore des humains à fond dans leur métier de jetourneenrond : charpentier, serveur avec leurs plateaux… pour ces derniers nous pourrons les éviter en nous baissant pendant leur passage ou en sautant par dessus.
Le jeu est surtout réputé pour sa difficulté, le problème étant les gros soucis de gameplay qui viennent ternir le titre. Quasiment chaque saut est millimétré, les contours des plates-formes sont mal définis ce qui fait que si vous sautez mais que le personnage atteint le bord alors il tombera, le level design est parfois catastrophique, il suffit de voir le niveau des montagnes pour s’en rendre compte avec des plates-formes à atteindre hors de l’écran dont on ignorera l’emplacement tant que l’on n’aura pas essayé de sauter. La gravité touche aussi dans le jeu ce qui fait que si vous ratez votre saut mais que si par chance vous réussissez à vous réceptionner sur une plate-forme il suffit que ladite plate-forme soit trop basse pour que vous perdiez une vie une fois tombé dessus. N’attendez pas de checkpoints sauf à quelques rares endroits, les niveaux se font d’une traite. Pour enfoncer le clou encore un peu le jeu comporte des passwords, encore heureux vous me direz mais le jeu n’en comporte que deux, ce qui fait que vous devrez passer 5 ou 6 niveaux d’affilé avant d’en avoir un ou de finir le jeu.
Pour le reste du jeu nous aurons des phases de poursuite, de nage, de descente… ne vous leurrez pas, ces phases sont aussi difficiles que le reste du jeu. Ceux qui arriveront à la fin se rendront compte que les développeurs n’ont pas du tout bâclé cette partie, ils ont fait des niveaux où on devra tenir compte de la force et du sens du vent pour avancer, où on fera de l’escalade, où on devra résoudre des mini-jeux dans le temple tibétain pour continuer ou même encore un très bon niveau de fin mais je ne vais pas spoiler jusque là. Cela tranche vraiment avec les jeux qui mettent une claque au début pour ensuite s’essouffler à la fin.
Le jeu montre une certaine fidélité à la BD, les niveaux s’enchaînent avec des éléments déclencheurs et des petites saynètes fort bien faites à la fin de certains niveaux. Par exemple pour le 1er niveau nous sommes à la sortie du train qui s’est arrêté et nous devons aller sauver Tchang qui s’est noyé, dans le 2e nous sommes à Moulinsart et Tintin prend connaissance du télégramme de Tchang par le capitaine Haddock puis de la nouvelle du crash de l’avion par la télé (ces deux choses ne sont pas à faire dans un ordre précis, ce qui a pour conséquence de changer les dialogues), ensuite on sera dans les marchés en train de chercher un guide pour nous accompagner dans la montagne, etc.
Côté graphique c’est relativement bien fait pour de la Game Boy, l’animation de Tintin est excellente, les saynètes venant ponctuer les fins de niveaux sont des dessins fixes très bien faits. Les musiques sont relativement bonnes et dans le ton, dommage que la difficulté du jeu ne nous en fasse pas profiter. Les bruitages sont vraiment minimalistes par contre, je ne parle pas de la durée de vie vous l’aurez compris le jeu en dispose d’une bonne (bien que ce soit quasi-exclusivement grâce à la difficulté).
En conclusion je dirais que Tintin au Tibet est un bon jeu, fidèle à la BD, beau, diversifié avec une bonne durée de vie. Toutefois la difficulté excessive rebutera les enfants (le public visé) et les joueurs peu avides de challenge, ces personnes pourront toutefois se rabattre sur la version GBC qui a été extrêmement simplifiée.
Date de sortie : 1995
Article publié originellement sur Gamekult le 19/11/2011